13/12/2011

L'amour est une île.


Longtemps tu m’as manqué.

Pas comme un amant que l’on abandonne sur le quai d’une gare, non, plutôt comme une demi-douzaine d’œufs qu’on aurait oubliée de racheter.
Il m’arrivait de laisser échapper un soupir en tournant la dernière page d’ « Orgueil et préjugés » ou de verser une larme à la fin de « Casablanca ».

[ Bon, c’était peut-être devant « Docteur Quinn, femme médecin », mais ça ne change rien au schmilblick ]

J’en faisais pas toute une histoire.
Y avait pas de quoi s’arracher les cheveux, ni hurler à la mort.

Mais ça, comme dirait la pub, c’était avant.

Je fais partie des gens qui ont réussi à prendre conscience de leur propre valeur.
Attention, ça a pris du temps, je ne suis pas née en pensant que j’étais formidable ;
mais j’ai fini par me dire que, peu importe la vérité du propos, j’étais la seule à pouvoir me faire des compliments qui prendraient un sens.
Et puis, je n’ai aucune raison d’être bienveillante avec moi-même, impossible de tirer un quelconque bénéfice matériel d’une parole complaisante.

Quel rapport avec les œufs me direz-vous ?

Je crois que je me suffis à moi-même.

Alors oui, autrefois, elle m’a manqué,
La main qui tiendrait la mienne sous la pluie,
Qui arriverait à bout du bocal de confiture récalcitrant,
Qui couvrirait mes yeux devant «Cannibal Holocaust»,
Qui caresserait mes…

On s’emballe.

Force est de constater que je suis devenue multitâche : aucun meuble suédois ne me résiste, nombreux sont ceux qui peuvent témoigner de mes talents culinaires et mon sens de l’orientation est tout ce qu’il y a de plus développé.
Tout ça pour dire que je n’ai besoin de personne pour être complétée, mais à qui voudra un jour partager ma vie, je lui offrirai volontiers une place.

L’amour c’est tellement de choses à la fois.

On peut en être rempli sans avoir besoin de créer pour cela une sorte de monstre à deux têtes, une hydre destinée à se retrouver dans « confessions intimes » entre le sosie de Johnny et l’accro à la chirurgie esthétique.
Pour certains, l’amour, c’est Richard Clayderman au piano et un dessus de lit en satin matelassé (les beaufs sont nos amis) ; pour d’autres,  c’est le souvenir délicieux d’un premier baiser sur la plage de Concarneau.
Et puis, c’est aussi parfois une famille dispersée, heureuse de s’asseoir ensemble autour d’une table de réveillon ; c’est regarder son rejeton qui dort dans une position plus qu’improbable.

Je ne me sens pas seule.
Je sais que le temps viendra où j’aurai assez de force pour supporter quelqu’un d’autre que moi.
Parce que si un jour, tu as pu me manquer, Amour Hypothétique, c’est parce que je t’ai connu, et que les souvenirs sont les meilleurs compagnons d’une vie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je témoigne pour tes talents culinaires! Sinon, tu as oublié la cascade lumineuse qui complète le dessus de lit cité... ;-)