03/12/2011

Cher Père Noël,



Depuis 25 ans, lorsque le froid se fait sentir, entre la fin septembre et la mi-novembre (réchauffement climatique oblige), je pense à vous.
En toute innocence, cela va sans dire.
Je vous guette dans les allées du centre commercial, j’écoute Bing Crosby me souhaiter un « Noël blanc », et je transforme mon charmant logis en forêt artificielle et scintillante.
Question santé mentale, je me situe dans la moyenne, mais je souffre d’une addiction aux fêtes de fin d’année qui tient, je le crains, de la pathologie.

Cela tient essentiellement au fait que vous ne m’ayez jamais déçu, et cela aucun autre homme ne pourrait y prétendre.
Toujours il y eut sous le sapin la poupée tant convoitée (le fameux modèle qui braille), puis plus tard la console dernier cri. Des montagnes de paquets bariolés déchirés avec hystérie. Pas de petit Jésus, pas de messes de minuit, rien qui, de près ou de loin, nous rattache au foutu divin. Rien qu’une merveilleuse effusion consumériste, le capitalisme dans ce qu’il a de plus doux : le plaisir d’acheter, pour soi et pour les autres.
Il n’y a rien de cynique dans mes paroles (pour une fois), Noël est devenu ce qu’il est devenu : une course païenne aux cadeaux le soir du réveillon, pour montrer aux siens combien on les aime, des tractations familiales sans fin pour savoir qui emmènera la bûche, et des bambins aux yeux ronds comme des soucoupes devant les vitrines des Galeries Lafayette.
Et comme chaque année, j’aurai de nouveau 4 ans lorsque au détour d’une rue, je vous verrais là, ventru et barbu, avec le même costume rouge élimé et cette affreuse barbe blanche synthétique.
Bien sûr, je me demanderais quand même combien on a bien pu vous payer pour que vous acceptiez de vous asseoir sur votre dignité à ce point ; et vous vous diriez surement que si vous n’aviez pas porté ce costume ridicule, vous m’auriez bien invité à boire un verre…
(étant entendu qu’en réalité je n’ai plus 4 ans, non parce que sinon c’est un peu glauque)

Alors c’est vrai, voilà de nombreuses années que votre non-existence n’est plus un secret pour moi, et en grandissant on fait le deuil d’un tas de choses : la petite souris, le prince charmant, la taille 36…
Mais quand vient le moment où une nouvelle année s’achève, nous portons tous en nous l’espoir que Noël prochain, nous soyons de nouveau réunis, peut-être parce que c’est une habitude, peut-être pas pour les bonnes raisons, mais ensemble.

Alors cher Père Noël, après ces bonnes paroles que n’aurait pas reniées Miss France, il est temps de s’atteler à l’immuable tradition de La Liste :

- Je voudrais être heureuse, en toute circonstance, donc n’importe quelle pilule neuroleptique fera l’affaire.

- Je voudrais trouver un moyen de me faire beaucoup d’argent sans avoir à vendre mon corps.

- Je voudrais aimer et être aimée, enfin surtout être aimée, je m’en contenterais.
.
- Si, je voudrais la Wii aussi, parce que ça a l’air cool.

- Et surtout, je voudrais avoir 4 ans, chaque décembre, pour toujours.

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