11/01/2012

Les pieds sur terre.



Ce n’est plus un secret pour personne, du moins pour les plus assidus d’entre vous, je ne prends aucune résolution (qu’elle soit bonne ou mauvaise) lorsque sonne l’heure de solder les comptes de l’année écoulée et d’ouvrir le cahier de la nouvelle.

Soyons honnêtes.
Même les personnes qui s’y astreignent annuellement savent que ces résolutions seront devenues obsolètes quand pointeront les premiers jours de février, et encore, pour les plus motivés.
On ne devrait jamais commencer à avoir ne serait-ce que l’ombre d’une envie de faire le bilan de quoi que ce soit.
C’est ce que l’on pourrait appeler une « entreprise périlleuse ».

Parce qu’à l’évidence, on vit toujours très bien jusqu’à ce que vienne le moment de se demander si c’est vraiment le cas.
Alors on se met à réfléchir à ce qui ne va pas, on finit par trouver, on cherche à quel moment ça a pu merder et sans vraiment s’en apercevoir, nous voilà en train de nous adresser à la blondinette de 10 ans que nous étions il y a … pas si longtemps ;
En pensant qu’avec quelques conseils avisés du grand sage que l’on est devenu, elle évitera de se prendre plus tard les pieds dans le tapis :

« Fuit comme la peste le moindre chromosome xy qui se présentera affublé d’une guitare, d’un ukulélé ou de n’importe quel autre instrument susceptible de pouvoir te jouer la sérénade.
C’est une question d’amour propre.

Et je ne vais pas te mentir, on n’apprend pas toujours de ses erreurs, et le prix à payer est souvent plus élevé que ce que tu as en banque ;
Mais l’injustice va falloir faire avec, parce que c’est le gimmick de chaque existence.

La vie ce sera beaucoup plus difficile que tout ce que tu as imaginé. Mais comme les choses sont plutôt bien foutues, ce sera aussi plus beau que tout ce dont tu as rêvé.

Tu te demanderas longtemps ce qu’il y a au-delà de tout cela, jusqu’à ce que tu ais la certitude qu’il n’y a rien du tout, et que c’est tant mieux.
Tu te réveilleras un matin devant la brume qui caresse les cyprès d’un paysage de Toscane ou le Vercors sous les premières neiges ; et tu sauras que l’Éden est là, dans ce que tu vois, ce que tu sens, ce que tu touches, ce que tu entends.

[Non je n’ai pas mangé Terrence Malick]

Entraine toi aussi à dire Adieu.
Ce sera pas Verdun non plus, mais les Hommes sont comme les sacs d’une grande marque un premier jour de soldes, ils disparaissent trop tôt, et bien plus vite qu’on ne l’aurait espéré.

Et puis non, oublie tout ça.

Après tout la vie n’a souvent rien à voir avec des hauts et des bas.
La plupart du temps on marche sur un fil.
On se casse rarement la gueule, mais ça tangue quand même sérieusement.
On cherche tous le moyen de rester en équilibre, que ce soit seul, à deux, à plus, à quatre pattes en combi latex au bout d’une laisse, sur les mains ou sur un pied
(un accident de tronçonneuse est si vite arrivé).
Après tout, je doute qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises façons de traverser…

Ah ! oui, au fait Gamine…

Les Worlds Apart, ce n’est pas de la musique.
N’insulte pas ton père lorsqu’il te dit que dans deux ans on n'en entendra plus parler, parce que, pour une fois, il a raison. »

22/12/2011

Les corps étrangers.


Au risque de vous surprendre, vous ayant habitué à un degré assez élevé de narcissisme, je ne suis pas folle de mon corps.
En règle générale je me contente plus ou moins de ce que j’ai.

[Chose plutôt aisée lorsqu’il suffit de flâner cinq minutes dans les rues pour se rendre compte de ce à quoi l’on a échappé. La nature est parfois cruelle.]

Le rapport que l’être humain entretient avec son corps m’a toujours fasciné.
C’est comme si, toute notre vie, nous tentions de nous raccorder à cette entité pourtant palpable, observée maintes et maintes fois et sous toutes ses coutures,
(pour les plus audacieux)
sans jamais avoir l’impression qu’elle nous appartienne tout à fait.

En quelque sorte, l’éternelle et curieuse difficulté à « faire corps » avec sa propre chair, héritée de mille ans de traditions chrétiennes destinées à creuser le canyon qui séparerait l’esprit pur et cette foutue pécheresse d’enveloppe charnelle.

Sauf que pour ma part, je ne crois ni en la réincarnation, ni en aucun autre concept vaseux de vie après la mort.
Autant dire que du coup la notion d’ «âme » je m’assois allègrement dessus (et ce n'est pas désagréable)
J’ai fait depuis longtemps, et sans mal, le deuil de la pureté de ma propre enveloppe ;
et je m’accommode très bien de toutes pratiques païennes consistant à lui faire du bien. (Il n'y a pas que sur les dogmes religieux qu’on peut s’asseoir)

Le problème se situe donc vraisemblablement ailleurs.

Parce que si on mettait de côté les récriminations sociétales portées à l’encontre des « pas-tout-à-fait-minces » et « pas-tout-à-fait-beaux », on se rendrait compte avec facilité que la seule exigence que nous aillons envers nous-mêmes, c’est d’être conforme à l’idée que l’on se fait de soi, et que l’on souhaite transmettre aux autres.

Je vous l’accorde, celle-ci n’a parfois pas grand-chose à voir avec ce que l’on est réellement, mais sans vous prendre (tous) pour des abrutis finis, cet état de conscience de soi demande un niveau de sagesse que peu en ce bas monde acquière.

[Et quand on y pense, ce n’est sans doute pas plus mal, rapport à tous ces pauvres candidats de téléréalité, persuadés d’être nés dotés du QI d’Einstein, qui se verraient contraints de se jeter sous les roues de la première Smart venue pour laver la honte de ne même pas pouvoir prétendre aux capacités intellectuelles du quidam moyen.]

Certains tentent de soigner cet organisme greffé à leur cerveau à l’aide de soja bio, de thé vert ou de régimes sans protéines animales ;
D’autres le font souffrir à coup de cutter, de séances de rameur ou de concours du plus gros mangeur de tartiflette.
En ce qui me concerne, je pourrais me nourrir exclusivement de steaks et de patates et je n’ai rien contre mes avant-bras au point de vouloir leur faire seppuku.

En définitive, pour peu qu’on le laisse tranquille, la cohabitation a toutes les chances de se passer sans heurts.
Et lorsque le seuil de tolérance aura été franchit, qu’il soit graisseux ou autre, il sera toujours temps de faire péter son PEL pour s’offrir un corps de rêve. 

Aucune philosophie ne fait le poids face au progrès de la chirurgie esthétique.


13/12/2011

L'amour est une île.


Longtemps tu m’as manqué.

Pas comme un amant que l’on abandonne sur le quai d’une gare, non, plutôt comme une demi-douzaine d’œufs qu’on aurait oubliée de racheter.
Il m’arrivait de laisser échapper un soupir en tournant la dernière page d’ « Orgueil et préjugés » ou de verser une larme à la fin de « Casablanca ».

[ Bon, c’était peut-être devant « Docteur Quinn, femme médecin », mais ça ne change rien au schmilblick ]

J’en faisais pas toute une histoire.
Y avait pas de quoi s’arracher les cheveux, ni hurler à la mort.

Mais ça, comme dirait la pub, c’était avant.

Je fais partie des gens qui ont réussi à prendre conscience de leur propre valeur.
Attention, ça a pris du temps, je ne suis pas née en pensant que j’étais formidable ;
mais j’ai fini par me dire que, peu importe la vérité du propos, j’étais la seule à pouvoir me faire des compliments qui prendraient un sens.
Et puis, je n’ai aucune raison d’être bienveillante avec moi-même, impossible de tirer un quelconque bénéfice matériel d’une parole complaisante.

Quel rapport avec les œufs me direz-vous ?

Je crois que je me suffis à moi-même.

Alors oui, autrefois, elle m’a manqué,
La main qui tiendrait la mienne sous la pluie,
Qui arriverait à bout du bocal de confiture récalcitrant,
Qui couvrirait mes yeux devant «Cannibal Holocaust»,
Qui caresserait mes…

On s’emballe.

Force est de constater que je suis devenue multitâche : aucun meuble suédois ne me résiste, nombreux sont ceux qui peuvent témoigner de mes talents culinaires et mon sens de l’orientation est tout ce qu’il y a de plus développé.
Tout ça pour dire que je n’ai besoin de personne pour être complétée, mais à qui voudra un jour partager ma vie, je lui offrirai volontiers une place.

L’amour c’est tellement de choses à la fois.

On peut en être rempli sans avoir besoin de créer pour cela une sorte de monstre à deux têtes, une hydre destinée à se retrouver dans « confessions intimes » entre le sosie de Johnny et l’accro à la chirurgie esthétique.
Pour certains, l’amour, c’est Richard Clayderman au piano et un dessus de lit en satin matelassé (les beaufs sont nos amis) ; pour d’autres,  c’est le souvenir délicieux d’un premier baiser sur la plage de Concarneau.
Et puis, c’est aussi parfois une famille dispersée, heureuse de s’asseoir ensemble autour d’une table de réveillon ; c’est regarder son rejeton qui dort dans une position plus qu’improbable.

Je ne me sens pas seule.
Je sais que le temps viendra où j’aurai assez de force pour supporter quelqu’un d’autre que moi.
Parce que si un jour, tu as pu me manquer, Amour Hypothétique, c’est parce que je t’ai connu, et que les souvenirs sont les meilleurs compagnons d’une vie.

07/12/2011

Rien ne sert de courir... Mon oeil !




Petits, nous devions tous devenir pompiers, vétérinaires ou infirmières.
Je voulais découper les morts.
Légalement j’entends, je n’avais pas dans l’idée de virer psychopathe.
Mon intérêt pour les sciences ne s’étant pas révélé réciproque, j’ai dit adieu aux études de médecine.

Je ne serais jamais légiste.

Alors à quel moment accepte-on de voir s’envoler nos espoirs de gloire sociale ?
Nos rêves d’enfant sont-ils inévitablement condamnés à se briser tel des vagues sur le rivage de nos 20 ans ?

J’admire ceux qui marchent droit, leur but en tête, sans s’arrêter ni regarder en arrière.
Moi mon grand truc c’est la réflexion.
Il faut bien avouer que ça rime la plupart du temps avec stagnation.
Bien sûr il y aura toujours un c** pour vous sortir le coup du lièvre et de la tortue, histoire de vous remonter le moral.
[On est tous d’accord pour encourager les bonnes intentions]
Franchement un peu d’honnêteté ! Parce que si La Fontaine leur avait foutu le renard au train, ça se serait sûrement pas terminé en civet !

En fait je voudrais être un lièvre.
[On est encore dans la métaphore là, faut suivre]
Après tout, peu importe s’il me faut finir la course en crachant mes poumons, à l’heure d’aujourd’hui je suis déjà fatiguée de ne rien faire.
On peut toujours faire passer sa fainéantise pour de l’épicurisme, au fond, le plus important ce n’est parfois pas la vie que l’on mène, mais le sentiment que nous inspire la personne que l’on est devenu.

Je ne serais jamais légiste.
Mais je n'ai quand même pas complètement abandonné l’idée d’être un super agent secret.

Ce sont tous ces espoirs ridicules qui nous aideront à tenir, parce que tant que la dernière ligne du générique n’a pas défilé, il n’est jamais trop tard. Seulement à ce moment-là, il sera temps de se demander qui, du lièvre ou de la tortue, avait raison.

C’est peut-être cela la solution. Peu importe de quoi - de nez en l’air à observer les nuages, de dossiers à plaider ou d’histoires à raconter - il faut remplir sa vie.
Jusqu’à l’écœurement.